Eduquer à la paix
5. « La paix n’est pas seulement absence de guerre et elle ne se borne pas à assurer l’équilibre des forces
adverses. La paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la
pratique assidue de la fraternité » [8]. La paix est un fruit de la justice et un effet de la charité. La paix est avant tout un don de Dieu. Nous chrétiens, nous croyons que
le Christ est notre vraie paix : en Lui et dans Croix, Dieu a réconcilié le monde avec Lui et a détruit les barrières qui nous séparaient les uns des autres (cf. Ep 2, 14-18) ;
en Lui il y a une seule famille réconciliée dans l’amour.
Toutefois, la paix n’est pas seulement un don à recevoir, mais bien également une œuvre à construire. Pour être
vraiment des artisans de paix, nous devons nous éduquer à la compassion, à la solidarité, à la collaboration, à la fraternité, être actifs au sein de la communauté et vigilants à éveiller les
consciences sur les questions nationales et internationales et sur l’importance de la recherche de modalités adéquates pour la redistribution de la richesse, pour la promotion de la croissance,
pour la coopération au développement et pour la résolution des conflits. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu », affirme Jésus dans le discours sur
la montagne (Mt 5, 9).
La paix pour tous naît de la justice de chacun. Personne ne peut éluder cette tâche essentielle de promouvoir la justice, selon
ses propres compétences et ses responsabilités. J’invite particulièrement les jeunes, qui maintiennent toujours vive la tension vers des idéaux, à avoir de la patience et de la
ténacité dans la recherche de la justice et de la paix, dans l’éducation du goût pour ce qui est juste et vrai, même si cela peut comporter des sacrifices et aller à
contre-courant.
Lever les yeux vers Dieu
6. Face au difficile défi dans le parcours des voies de la justice et de la paix, nous pouvons être tentés de nous demander,
comme le psalmiste : « Je lève les yeux vers les montagnes : mon secours, d’où viendra-t-il ? » (Ps 121, 1).
Je veux dire à tous avec force, et particulièrement aux jeunes : « Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais c’est
seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai... [le fait de] se tourner sans réserve vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et
qui est, en même temps, l’amour éternel. Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l’amour ? » [9] L’amour se réjouit de la vérité, il est la force qui donne la capacité de
s’engager pour la vérité, la justice et la paix, car il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout (cf. 1 Co 13, 1-13).
Chers jeunes, vous êtes un don précieux pour la société. Face aux difficultés, ne vous laissez pas prendre par
le découragement et ne vous complaisez pas dans de fausses solutions, qui, souvent, se présentent comme la voie la plus facile pour résoudre les problèmes. N’ayez pas peur de vous
engager, d’affronter l’effort et le sacrifice, de choisir des chemins qui exigent la fidélité et la constance, l’humilité et le dévouement. Vivez avec confiance votre
jeunesse et les désirs profonds de bonheur, de vérité, de beauté et d’amour vrai que vous éprouvez ! Vivez intensément cette phase de la vie si riche et pleine
d’enthousiasme.
Prenez conscience d’être vous-mêmes des exemples stimulants pour les adultes. Plus vous vous efforcez de vaincre les injustices
et la corruption, plus vous désirerez un avenir meilleur et vous vous engagerez à le construire, alors vous le serez vraiment. Ayez conscience de vos potentialités et ne vous repliez jamais sur
vous-mêmes, mais sachez travailler pour un avenir plus lumineux pour tous. Vous n’êtes jamais seuls. L’Église a confiance en vous, elle vous suit, elle vous encourage et désire vous offrir ce
qu’elle a de plus précieux : la possibilité de lever les yeux vers Dieu, de rencontrer Jésus Christ, Celui qui est la justice et la paix.
À vous tous, hommes et femmes qui avez à cœur la cause de la paix ! La paix n’est pas un bien déjà acquis, mais un
objectif auquel, tous et chacun, nous devons aspirer. Regardons l’avenir avec une plus grande espérance, encourageons-nous les uns les autres dans notre cheminement, travaillons à donner
à notre monde un visage plus humain et fraternel, et sentons-nous unis dans la responsabilité envers les jeunes générations présentes et futures, en particulier en les éduquant à être des
personnes pacifiques et des artisans de paix. C’est sur la base de cette prise de conscience que je vous confie ces réflexions, et que je vous adresse mon appel : unissons nos forces
spirituelles, morales et matérielles, pour « éduquer les jeunes à la justice et à la paix ».
Extrait du "Eduquer les jeunes à la Justice et à la Paix", message du pape Benoît XVI pour la journée mondiale pour la paix en 2012 Du
Vatican, le 8 décembre 2011.
photo http://www.jeunesseenaction.fr/uploads/images/image%20site%20commission%20europ%C3%A9enne.jpg