Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Lc 12, 13-21 Ce que parler veut dire ...,18e dimanche du temps ordinaire, C

Publié par Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite sur 4 Août 2019, 11:37am

Catégories : #2013 Evangile piste de réflexion

Luc 12, 13-21 En ce temps là, du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Puis, s'adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »

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Bien des aspects peuvent être considérés en chaque page évangélique. Le Seigneur ne cesse de se révéler, de se manifester à nous, en chaque situation, en chaque action. A nous, de nous laisser porter par ses manifestations, pour entrer plus profondément dans sa connaissance pour pouvoir, comme le dit Saint Ignace, « mieux l’aimer et mieux le suivre »… Essayons cette fois-ci de nous attacher à la manière, plus qu’à ce que dit le Seigneur. De fait, la question du positionnement de la parole est importante, nous pouvons en effet parler de bien des manières, et elles manifestent notre style, notre manière privilégiée d’entrer en relation. Elles disent le monde auquel nous aspirons. Je puis m’exprimer ainsi : je parle dans un cadre préétabli strict dans lequel ma parole peut être déduite, ou bien je parle selon des principes qui doivent s’appliquer et que je développe quel que soit la situation, ou bien je parle selon une visée vers laquelle je tends et désire entrainer les autres, ou bien je parle à partir de la situation et de ce que j’en ressens… ou bien, encore, je parle en tenant compte de l’ensemble de ces points de vue…

Aujourd’hui, nous pouvons considérer comment le Seigneur répond à cette question. Il donne ce qu’il faut pour que chacun trouve son chemin de vie, puisse expérimenter ce qui lui donnera accès à une vie plus pleine, plus riche, plus ouverte, plus juste… A une question qui émane de la foule, le premier mouvement de Jésus consiste à manifester sa contrariété en rétablissant ensuite la juste parole, c’est-à-dire une parole bien située. La vérité demande que nous ne parlions pas n’importe comment. Elle ne consiste pas qu’en l’exactitude objective de la réponse mais également dans la justesse de la relation qui s’établit.

De la foule, un homme s’adresse directement au Seigneur en lui demandant son aide pour une action envers un autre, et, qui plus est, en lui imposant un résultat à obtenir. Jésus fait ce premier constat, ce n’est ni le lieu, ni la manière. Nous pouvons nous dire que parler publiquement dans la foule de questions intimes déjà manifeste un déséquilibre… Et souvent nous faisons ainsi, sans prendre le temps de se considérer, de se situer… et faire ainsi dit que nous ne voulons ou ne semblons pouvoir chercher qu’un résultat primitif, obtenir un bien, un résultat en dehors de toute relation.

Jésus alors rebondit par une histoire « il y avait un homme riche… » pour amener la foule à être un peuple, un groupement rassemblée par une parole… Il énonce tout d’abord un principe général, une orientation mais qui sera suivi par un exemple qui donne à chacun de pouvoir se situer lui-même dans l’écoute de cette parabole. La foule devient un peuple animé par une parole qui s’adresse à chacun au niveau même de sa liberté, du lieu où en lui peut s’élever son humanité. La parole du Seigneur se termine par une question… un appel à une réponse libre où chacun peut se situer.

C’est un aspect de cette page d’évangile, qui nous dit beaucoup sur la manière dont chacun de nous nous avons à nous situer dans la vie, nos relations pour nous aider et aider nos frères à être plus humains. Prendre d’abord le temps de se saluer, de se relier. Puis, lorsque nous répondons, veiller à ce que la réponse soit aussi ouverture à l’autre dans sa capacité à nous rejoindre… et non seulement réponse efficiente, stricte et fermée. A bon entendeur, salut !

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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