Jardinier de Dieu

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Pourquoi ce nom ? Un de nos jésuites va vous répondre


Mc 10, 28-31 Tout quitter pour te suivre. Entendre vraiment…

Publié par Jean -Luc Fabre, compagnon jésuite sur 27 Février 2017, 21:53pm

Catégories : #2015 Evangile piste de reflexion

Mardi (8e semaine du temps ordinaire)

Marc 10, 28-31 En ce temps-là, Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.
Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers. »

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Nous venons d’entendre une parole de promesse, un appel, mais cette parole est aussi une parole qui semble rude à nos oreilles. « Vends tout et suis-moi » Pierre réagit à l’échange entre le Seigneur et l’homme riche ainsi qu’au propos que le Seigneur a tenu après le retrait de ce dernier. De cet événement, le Seigneur nous apparaît comme attirant, porteur d’une belle promesse de vie ainsi que d’une parole coupante, tranchante, cruelle… Alors comment avancer ? Comment sortir de ce hiatus, un appel séduisant et une exigence qui semble impossible à satisfaire… Pierre parle-t-il juste lorsqu’il déclare « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre. » Faut-il rabaisser le propos du Seigneur et ne retenir que son style ? Ou alors faut-il essayer de mieux comprendre ce qu’il nous dit et pour cela essayer de mieux comprendre notre position, notre situation et ainsi comment le propos du Seigneur s’applique à ce que nous vivons… à notre situation. Nous comprenons toujours à partir de là où nous avons les pieds. Cette compréhension donnera peut-être de répondre vraiment.

 

Que veut nous dire le Seigneur, à quoi nous appelle-t-il ? Il nous appelle à un « donner » pour un « recevoir ». Dans ce mouvement, nous ne recevons pas tout à fait de la même manière que ce nous donnons. Les deux listes sont quasi identiques. Nous nous défaisons pour une suite et un aller vers, un « être » qui ne se prend plus, ne se base plus sur un « avoir », avoir une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants, des terres… Mais sur un « être avec », un « être pour », un « être qui se lance »… Celui qui n’est pas dans la seconde liste, c’est le Père, vers lequel à la suite du Fils nous allons…

 

Dès lors ce que nous avons, nous ne l’avons plus comme ça, mais d’abord nous le recevons. Nous découvrons alors que nous vivons non pas de nos possessions mais d’être tournés vers une promesse, celle d’être avec Lui, le Seigneur, mais surtout vers ce qui le met en mouvement, la relation avec le Père, ce Père qui nous manque et nous appelle. Le reste, tout le reste trouve de là une nouvelle signification. La réalité est reçue pour ce qu’elle est : un don qui nous est fait mais pas, sous la forme d’une béquille indispensable à notre identité, mais comme le signe de cet appel absolu, à aller vers le Père, à entrer dans la fraternité universelle. Nous ne sommes plus comme avant avec les autres familiers, ils ne font plus partie de ma vie de la même manière… Ma vie ne se borne plus à l’existence présente, une promesse l’irrigue de partout, celle de la vie éternelle. Cela introduit une contradiction avec les autres, ceux qui restent sur leur base, la contradiction peut entrainer des persécutions… que nous supportons pour que la bonne nouvelle avance…

 

Oui, notre vie nous devons réaliser qu’elle repose sur un autre fondement, celui de l’être avec, pas sur l’avoir. Cela nous change radicalement, comme une nouvelle naissance. De plus, nous éprouvons que cette nouvelle naissance se transmet, qu’elle engendre les autres. Nouvelle naissance qui nous inscrit dans une nouvelle famille, de ceux qui sont avant nous, de ceux qui sont engendrés en même temps que nous, de ceux qui s’engendrent de nous, de notre parole… Nouvelle famille, signes multiples de la promesse en cours de réalisation… Soyons pauvres, soyons abandonnés, soyons seulement riches de ceux qui nous sont donnés avec nous.

Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite

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