Avez-vous remarqué qu’un morceau de ciel aperçu par un soupirail, ou entre deux cheminées, deux rochers, ou par une arcade, donnait une idée plus profonde de l’infini qu’un grand panorama vu du haut d’une montagne?
Charles Baudelaire
Ce jour liturgique nous ramène à la réalité profonde de notre vie. Nous attendons le Seigneur, nous l’attendons comme nous le pouvons avec toutes nos pauvretés et fragilités humaines… Et nous sommes aussi plongés dans le mouvement même de la vie du Seigneur. Nous sommes dans son mouvement d’abaissement et de gloire. Nous sommes ensevelis dans son baptême, allant du Vendredi Saint au jour de Pâques… Nous passons. Notre vie passe à cela…
Oui, quel jour sommes-nous donc ? La Mort du Seigneur a eu lieu. Nous attendons son retour glorieux, retour qui se signifie par le jour de Pâque et son irradiation qui pointe. Nous sommes le Samedi Saint, notre vie entière est là entre ce « déjà là » et ce « pas encore ». Nous sommes dans l’entre deux, mus par cette promesse du mur fracturé qui laisse passer la lumière, nous sommes dans l’attente, nous savons que la mort, le péché ont été terrassés mais nous attendons la pleine lumière. Nous sommes pris dans toutes les affres de l’attente avec tous les synonymes du dictionnaire : expectative affût, angoisse, désir, espérance, espoir, perspective, souhait…
Nous sentons en nous le mouvement du Seigneur, mouvement qui le pousse à aimer jusqu’au bout, à tout donner jusqu’au moment où son Père le ramène à la Vie en plénitude, vie qui se répand dans l’humanité et qui réveille tous les hommes, qui se partage et se donne à tous les hommes. Cette vie nous l’expérimentons, en non existences, sous la forme de la joie qui nous traverse, nous anime…
Alors en ce jour, qui est le jour de notre vie, nous ne cessons de demander pour nous et pour nos frères cette grâce : pouvoir accéder au jour plein de Dieu, au jour de la vie éternelle, Le voir, Le contempler, être avec Lui dans l’humanité réconciliée, dans le cosmos réconcilié…
Nous sommes là en cet « entre deux ». Nous attendons. Fais-nous la grâce de la vraie patience, qui est aussi attente… Nous te le redisons à Toi Père qui a conduit ton Fils au fond des Enfers, qui l’a ramené glorieux à la Vie qui se donne en plénitude, oui nous Te le redisons…
père Jean-Luc Fabre
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